Le jour où nous avons appris que nous étions parents en devenir.
Futur Papa a un peu peur que cette heureuse surprise ne remette en cause tous nos projets. De mon côté, je sens bien les choses. Certes, je n'irai peut-être pas au sommet du 6000m, ni en Amazonie, il faudra que je surveille mon alimentation, que je protège ma peau du soleil que je fasse attention lorsque je chargerai mon sac, enfin mes sacs... . Mais rien ne semble insurmontable a priori. Et puis, on verra comment évoluent les choses ; inutile de stresser et d'envisager le pire (rentrer en France) avant que cela n'arrive. J'écouterai mon corps, je ralentirai au besoin, je m'abstiendrai de certaines choses si nécessaire. Et puis c'est tout ! Donc, passé le moment de la surprise, (environ une heure), nous sommes tout chose à l'idée de voyager tous les trois.
Etre enceinte pendant un voyage a de bons côtés : ici, on a une vie beaucoup moins stressante, on ressent moins la pression qui pèse sur la femme enceinte, tout ne tourne pas autour du bébé, ce qui peut être bien pendant les premiers mois par rapport au risque de fausse couche, et on se construit plein de supers souvenirs.
Nous sommes loin de la famille. C'est donc plus facile de leur cacher un moment les choses si on le souhaite. Mais il est quand même difficile de résister à l'envie de leur dire la bonne nouvelle (on a tenu 2 mois 1/2).
Nous avons aussi essayé de nous "préparer" à une éventuelle fausse couche, d'autant plus qu'avec le train de vie que nous avions, le risque était certainement plus élevé. Nous étions dans un esprit le plus fataliste possible, au sens "on laisse la nature décider"(en même temps, on n'a pas vraiment le choix). Mais le fait de se libérer de cette peur a peut-être aidé à ce que le bébé s'accroche. C'est Mini-Rodrigoux et lui seul qui s'est construit suffisament fort pour rester dans son nid. Cependant, au fur et à mesure que le temps avance, on se rend bien compte qu'une fausse couche doit être une épreuve difficile.
Arrivée au camp avancé, à 5400m d'altitude. Chargement léger et marche lente de rigueur.
Nous n'avons pas fait beaucoup d'examens médicaux durant le voyage. Seulement une échographie à La Paz, à 12 semaines de grossesse. Je n'ai même pas fait une analyse de sang pour confirmer la grossesse. Je ne ressentais pas le besoin de faire plus, car je n'ai vraiment eu aucun signe alarmant, pas d'angoisses particulières. Nous avons eu beaucoup de chance, c'est vrai. Une grossesse paisible avec peu de nausées (seulement en altitude, en Bolivie, c'est à dire 5 semaines quand même) et beaucoup de joie et de bonheur dont notre Ptit Calin a pu s'imprégner.
Au sommet du Huayna Pitchu qui surplombe le Machu Picchu.
Une "expédition" de 5 jours de marche et de 4x4 pour arriver jusque là.
Dans la mine de Potosi, 3500m, Bolivie.
La fête tous les week-ends avec la famille du Vénézuela.
Enceinte dans les Caraïbes, ça c'est le bonheur...
Mais voyage et grossesse a aussi un revers de la médaille. Rien n'est remboursé, peu d'assurances fonctionnent pour le suivi de grossesse (ce n'est ni une maladie, ni un accident). Je ne sais même pas exactement ce qu'il se passe en cas de problème, d'hospitalisation. Peut-être qu'à ce moment ça passe en maladie... En tout cas, même si je ne l'ai pas fait, je conseillerais une échographie précoce pour localiser l'embryon. En cas de grossesse extra-utérine, les conséquences peuvent être très graves si on est loin d'une structure hospitalière compétente, comme c'était souvent le cas pour nous en Bolivie.
El Arbol de Piedra, près du Salar d'Uyuni, en Bolivie. Le prochain hopital doit bien être à deux jours de 4x4. L'hélico ? Je ne sais même pas si l'armée en a un...
Je connais plusieurs personnes qui sont rentrées de voyage plus tôt après avoir découvert une grossesse. Il faut se sentir à l'aise et en sécurité dans ces moments là et c'est aussi parfois le corps qui demande le retour au bercail, comme ça a été le cas d'une rencontre qui a dû être rapatriée suite à une fausse couche.
Je dois également avouer que j'ai un petit peu moins profité du voyage en lui-même que durant la partie Asie, où je n'étais pas enceinte. J'ai en effet ressenti un besoin de me centrer sur ce que je vivais, ce qu'il se passait en moi. Mais je crois qu'il est plus juste de dire que j'ai vécu les choses avec une autre saveur...
Au moment de clore ce voyage, je ne ressentais pas vraiment de tristesse ; j'étais contente de rentrer pour avoir plus de temps pour lire, me renseigner sur la grossesse, manger plus équilibrer, rencontrer d'autres mamans, nous créer un nid.
Avec le voyage, mon suivi de grossesse a été un peu du grand n'importe quoi ! Par exemple, sur 3 échographies, pas une ne s'est faite au même endroit... Donc le suivi... ben c'est moi qui le fait !
Il y a donc du bon des deux côtés : loin de chez soi, puis à la maison.
Dans tous les cas, je n'aurai pas peur de recommencer cette expérience. C'est très enrichissant, sur deux plans : voyager en étant enceinte et être enceinte dans un autre pays.
Pour conclure, je ne peux pas "recommander" d'être enceinte à l'étranger (surtout dans le tiers-monde). C'est vraiment un choix personnel. Une grossesse, c'est tellement fort et important, qu'il est important d'être bien, de se sentir en sécurité, de ne pas avoir d'angoisses qui vont de toute façon se reporter sur le bébé. J'ai eu la chance de m'être toujours sentie en confiance avec mon corps et avec mon bébé. C'est pour cela que nous avons vécu notre voyage presque comme prévu. Ce n'était en aucun cas un défi ou quoi que ce soit de malsain.
Mais j'ose espérer que mon expérience aide des futures parents à relativiser, en ce qui concerne le quotidien de la femme enceinte. Il existe une réelle pression sur la grossesse et on entend tout et n'importe quoi sur ce sujet. Dans ces conditions, il est compréhensible que la femme enceinte n'arrive plus à écouter son corps, qui lui, sait.
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